Maintenant que la campagne du second tour est officiellement terminée, et en attendant les résultats et le bilan de l'élection, je propose que nous nous posions la question du mode de scrutin.
Le fonctionnement est assez connu. Il suffit (à quelques conditions supplémentaires près) d'être majeur, d'être inscrit sur les listes électorales et de recueillir 500 parrainages d'élus (parmi environ 42,000 parrains potentiels) pour être candidat en France. Un premier tour est organisé entre tous les candidats, les deux premiers sont sélectionnés pour le second tour, et celui qui obtient alors la majorité des suffrages exprimés est élu Président.
Toutes les élections présidentielles ne fonctionnent pourtant pas pareil. Après la France, je n'ai vécu que dans deux autres pays, et le Japon a un Empereur. Je vais donc m'attarder quelques instants sur le système irlandais. Il n'est pas forcément parfait, mais il est certainement intéressant.
Pour être candidat en Irlande, il faut avoir au moins 35 ans, et il faut ici recueillir des parrainages, mais les soutiens potentiels sont plus rares. Il faut, au choix :
- réunir 20 soutiens de parlementaires (sur les 226 députés et sénateurs), ou
- être soutenus par quatre assemblées locales (villes ou comtés, sur un total de 34), ou
- avoir été déjà Président.
Le poste étant avant tout honorifique (j'y reviendrais dans un futur billet), il arrive qu'il n'y ait qu'un seul candidat. C'était le cas en 2004 quand Mary McAleese, seule candidate à sa succession, a été directement réélue pour son second septennat.
Lorsque l'élection a lieu, elle est organisé sur le mode du "vote alternatif", qui s'organise en un seul tour. Au lieu de choisir un bulletin au nom de leur candidat préféré, chaque électeur a une grille avec la liste des candidats et peut choisir celui qu'il préfère mais aussi indiquer son 2e choix, son 3e choix, et ainsi de suite.
Forcément, cela complique le décompte des voix. Dans un premier temps, tous les premiers choix sont comptés. Si un candidat obtient la majorité des voix, il est élu. Sinon, le candidat en dernière place est éliminé, et tous ses bulletins sont répartis entre les autres candidats en fonction du deuxième choix indiqué sur la carte de vote. Si un électeur n'a pas indiqué de deuxième choix, le bulletin n'est plus compté. Si, avec le nouveau total, un candidat a maintenant la majorité des voix, il est élu. Sinon, on répète le même procédé autant de fois que nécessaire.
Une des particularités de ce type de scrutin est que le candidat arrivé en tête après le premier décompte n'est pas forcément élu. C'est celui qui arrive à faire le plus large consensus, et donc à attirer les votes alternatifs, qui est le mieux placé pour l'emporter au final. Dans un sens, c'est donc assez proche de la dynamique d'un deuxième tour en France, la campagne d'entre deux tours en moins.
Un tel scénario se produit en 1990, alors qu'il y avait trois candidats. Après le premier décompte, Brian Lenihan était en tête avec 43.8% des voix, suivi de Mary Robinson (38.9%) et Austin Currie (16.9%). Malheureusement pour lui, la majorité des voix du troisième sont allées vers la seconde. Au décompte suivant, Mary Robinson a été élue avec 51.6%, contre 46.2% pour Brian Lenihan et 2.2% de bulletins non réalloués.
Lors de la dernière élection, en 2011, il y avait sept candidats. Au quatrième décompte, Michael D. Higgins a été élu Président. Il était arrivé en tête à chaque étape, après avoir totalisé 39.6% des premiers choix.
Je trouve ce système très intéressant. Il évite par exemple de se retrouver dans une situation "à la 2002", où le candidat qui semblait le mieux placé pour gagner le second tour et devenir Président n'a finalement même pas pu y participer après être arrivé en troisième place au premier tour. Par conséquent, il évite aussi tous les messages appelant au vote "utile", et reflète donc mieux la véritable opinion du corps électoral dans son ensemble.
La France (ou au minimum son système médiatique) semble attachée au duel de deuxième tour, et je ne pense pas que le vote alternatif sera utilisé dans un futur proche, mais j'y serais pour ma part assez favorable.
Qu'en pensez-vous ?
(Si ce billet vous a intéressé, je vous conseille son pendant législatif, sur le vote unique transférable.)
Une des particularités de ce type de scrutin est que le candidat arrivé en tête après le premier décompte n'est pas forcément élu. C'est celui qui arrive à faire le plus large consensus, et donc à attirer les votes alternatifs, qui est le mieux placé pour l'emporter au final. Dans un sens, c'est donc assez proche de la dynamique d'un deuxième tour en France, la campagne d'entre deux tours en moins.
Un tel scénario se produit en 1990, alors qu'il y avait trois candidats. Après le premier décompte, Brian Lenihan était en tête avec 43.8% des voix, suivi de Mary Robinson (38.9%) et Austin Currie (16.9%). Malheureusement pour lui, la majorité des voix du troisième sont allées vers la seconde. Au décompte suivant, Mary Robinson a été élue avec 51.6%, contre 46.2% pour Brian Lenihan et 2.2% de bulletins non réalloués.
Lors de la dernière élection, en 2011, il y avait sept candidats. Au quatrième décompte, Michael D. Higgins a été élu Président. Il était arrivé en tête à chaque étape, après avoir totalisé 39.6% des premiers choix.
Je trouve ce système très intéressant. Il évite par exemple de se retrouver dans une situation "à la 2002", où le candidat qui semblait le mieux placé pour gagner le second tour et devenir Président n'a finalement même pas pu y participer après être arrivé en troisième place au premier tour. Par conséquent, il évite aussi tous les messages appelant au vote "utile", et reflète donc mieux la véritable opinion du corps électoral dans son ensemble.
La France (ou au minimum son système médiatique) semble attachée au duel de deuxième tour, et je ne pense pas que le vote alternatif sera utilisé dans un futur proche, mais j'y serais pour ma part assez favorable.
Qu'en pensez-vous ?
(Si ce billet vous a intéressé, je vous conseille son pendant législatif, sur le vote unique transférable.)
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